Le petit garçon, qui vivait en haut du talus, à côté de la fontaine, savait très bien monter sur ce talus.
Etant une terre calcaire, le gravier arrivait à se détacher très facilement de la surface de la terre et les pas devenaient très durs à faire.
Sur le talus il y avait une petite cour entourée d’un mur en pierre sèche d’environ 80 cm de haut et au bout de cette cour, une maison.
Avant, c’était la grange ou le curé du village mettait ses deux ânes. Aujourd’hui il n’y avait qu’un âne et il voulait le vendre. Il allait le vendre à l’abattoir pour payer l’essence pour son groupe électrogène qu’il utilisait pour son poste à souder.
Le dernier âne était âgé maintenant et le curé ne se servait plus. La grange il l’avait abandonnée à son sort. Et son sort venait de changer récemment quand le petit garçon à fait d’elle, sa demeure.
Il l’a ouverte au soleil, il l’a bien balayée avec une grande brosse, il l’a rangé, il a réparé quelque fuite qu’elle avait sur la toiture, il l’a rassurée et il l’a aimée.
Et la seule raison que le curé l’a laissé faire, c’est parce que il était vieux, lui aussi, et il ne voulait pas envoyer la grange à l’abattoir, comme l’âne.
Ayant vu que l’âne avait peut-être lui aussi des tuiles déplacées, et vivait dans la poussière, il avait compris que le destin de la grange et celui de l’âne, était une seule et même chose. Apres avoir réfléchi beaucoup, il a laissé l’âne en liberté, comme il avait fait avec la grange.
L’âne est retourné sur son chemin habituel et il s’était retrouvé à la grange.
Ils étaient maintenant trois. L’âne, le petit garçon et la grange. Ils faisaient leur vie ensemble.
Ce n’était pas si mal en fin de compte.
Il a fallu que le curé soit âgé et incapable de monter sur le talus, ou alors incapable de monter sur l’âne, ou alors incapable de monter sur le toit de la grange, pour que tout soit sujet de l’abandon. Sujet de l’abandon de l’égoïsme propre du curé. Sujet de l’abandon et de la libération en même temps.
Et avec la libération une nouvelle vie commence.
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